L'orgue Cavaillé-Coll Notre Dame de la Croix Paris
Pendant longtemps le hameau de
Ménilmontant dépendit de la paroisse Saint-
Jean-Baptiste de Belleville. Sa population
augmentant, le curé, l'abbé Longbois, fit
construire, en 1823, une modeste chapelle
de bois qui fut érigée en paroisse le 18 mars
1847. Elle fut appelée Notre-Dame-de-la-
Croix en souvenir de la statue de la Vierge
qui, portant ce vocable, se trouvait, avant la
Révolution, dans l'oratoire de la maison de
campagne que les religieux de Sainte-Croix-
de-la-Bretonnerie possédaient à
Ménilmontant. Cet oratoire avait été détruit
à la Révolution mais la statue avait pu être
préservée et cachée; la tourmente passée,
on la transporta dans l'église de Bagnolet. La
statue polychrome fut volée une première
fois en 1975. Retrouvée, elle fut à nouveau
l'objet de convoitises et n'a pas encore été
retrouvée à ce jour.
Cette chapelle ne pouvait contenir que 400
fidèles. Aussi fut-elle remplacée par
l'actuelle, oeuvre de Louis-Jean-Antoine
Héret, architecte de la ville de Paris. Sa
construction commença en 1863; elle fut
livrée au culte à la fin de 1869, quoique
n'étant pas encore terminée. Ce n'est qu'en
1880 que cette église a été achevée.
C'est un pastiche d'église romane avec des
voûtes gothiques dotées d'ogives. Elle est
très vaste: 97 mètres (318 pieds) de
longueur, 38 mètres (125 pieds) de largeur,
20 mètres (66 pieds) de hauteur sous la
voûte de la nef. Sa superficie est de 3195 m2
(34 391 pi2). Son clocher a 78 mètres (256
pieds) de hauteur. Située sur une pente, la
construction d'un perron de 54 marches a
été nécessaire pour racheter la différence
de niveau entre son chevet et la place où se
dresse sa façade. C'est aussi la première
église de Paris à architecture métallique
apparente.
Deux événements importants se sont
déroulés dans cette église:
Le vote de la mort des otages
Pendant la Commune de 1871, un club
politique s'installe dans l'église, dès le 17
avril. L'entrée aux séances est libre et
gratuite, et, dans l'assistance, il y a de
nombreuses femmes.
À la suite du décret de la Commune du 5
avril sur les otages, lors de la séance du club
du 6 mai, on vote, par acclamation, la mort
de l'archevêque de Paris, Mgr. Georges
Darboy et de tous les otages qui aura lieu à
la prison de la Roquette, le 24 mai 1871.
Le clergé parvient à faire libérer l'église des
clubistes mais le bâtiment devient un
entrepôt de vivres, de vin, d'armes et de
munitions.
Avant de s'enfuir, dans la nuit du 27 au 28
mai, les derniers soldats de la Commune
défoncent les barriques de vin, éventrent les
barils de poudre et répandent les vivres. Les
premiers visiteurs trouvent l'église en un
extraordinaire état de souillure avec des
traces de coups de feu, et, dans les sous-
sols, découvrent des bonbonnes et des
bouteilles de pétrole équipées d'une mèche,
et des torches enduites de goudron, prêtes
à l'emploi pour incendier.
L'inventaire des biens
La loi du 9 décembre 1905, sur la séparation
des églises et de l'état impose l'inventaire
des biens appartenant aux « établissements
publics des cultes » qui seront dévolus à de
futures associations cultuelles et des biens
de l'état, des départements et des
communes dont ces établissements publics
des cultes ont la jouissance. L'inventaire est
fait dans la paroisse, par un agent de
l'enregistrement, le 23 février 1906, malgré
les protestions du curé et du président du
conseil de fabrique « au milieu des cris
poussés par la foule qui emplissait l'église ».
L’église